Les obsessions «antisionistes» du sous-préfet Guigue

Extrait de L’Arche n°599 (avril 2008)


Un sous-préfet a été démis de ses fonctions pour avoir publié un article violemment anti-israélien (chacun de ces deux qualificatifs, «violemment» et «anti-israélien», peut être considéré comme un euphémisme). Faut-il revenir sur tout cela, le fonctionnaire ayant été sanctionné par sa hiérarchie? On ne tire pas sur une ambulance, dit l’adage. Mais, outre que M. Guigue et ses amis de tous bords ne paraissent pas s’être résignés à la sanction qui le frappe, le véhicule symbolique qui les transporte ressemble moins à une ambulance qu’à une voiture piégée.

En présentant M. Guigue comme une innocente victime, en défendant ses thèses au nom de la liberté d’expression, ses amis – dont la liste va de l’extrême gauche à l’extrême droite – tentent de faire passer dans l’opinion publique une manière de critiquer Israël et les Juifs qui est dérogatoire, non seulement aux règles de l’administration française, mais aux principes républicains. C’est donc d’éthique qu’il s’agit; c’est une hygiène de la vie publique qui est en jeu. Certaines des phrases publiées par M. Guigue, dans l’article qui a causé sa sanction et dans des écrits antérieurs que nous rapportons ici, ne peuvent se lire sans un frisson.

Quoi que l’on pense de la personne de M. Guigue, quelque hypothèse que l’on formule quant à ses motivations profondes – et, là-dessus, nous laisserons le lecteur juger par lui-même –, il y a dans «l’affaire Guigue» tous les éléments d’une grave transgression que l’on ne saurait passer sous silence. Lisez ce travail réalisé par la rédaction de «L’Arche», et faites-vous une opinion quant à ce qu’il est aujourd’hui permis – ou non – d’écrire sur Israël et sur les Juifs.

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Le samedi 22 mars 2008, on apprenait le limogeage du sous-préfet de Saintes (Charente-Maritime), Bruno Guigue. Le ministère de l’intérieur faisait savoir qu’il était reproché à M. Guigue d’avoir publié le 13 mars, sur le site internet Oumma.com, une tribune «violemment anti-israélienne». Le sous-préfet avait notamment écrit qu’Israël est «le seul État au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles», et ironisé sur «les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer pendant shabbat». Une dépêche de l’AFP précisait encore que la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, ayant «été mise au courant mercredi du contenu de cette tribune», avait «immédiatement décidé de mettre fin aux fonctions» de M. Guigue.

Le lendemain, 23 mars, le préfet de Charente-Maritime, Jacques Reiller, expliquait que cette sanction était justifiée par le fait que M. Guigue a enfreint son devoir de réserve, et que ce faisant il «s’est mis lui-même en dehors des conditions d’exercice de sa fonction». Le préfet soulignait encore: «C’est le principe même du respect du devoir de réserve qui était enfreint. Toute la fonction publique repose sur un devoir de réserve, une obligation de neutralité, qui correspond à l’égalité de traitement de tous les citoyens, quelle que soit leur sensibilité ou leur préférence».

M. Guigue n’est pas réduit au chômage: administrateur civil «détaché dans les fonctions de sous-préfet» depuis l’automne dernier, il «est reversé dans son cadre d’origine», a expliqué le préfet de Charente-Maritime. Il reste dans la fonction publique en tant qu’administrateur civil.

Démis de ses fonctions de sous-préfet, M. Guigue ne semble pas avoir renoncé à ses activités militantes. Au contraire, peut-on dire. Et, dans ces activités, il ne manque pas de soutiens.

Ainsi, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) reproduit le lundi 24 mars 2008, sur son site internet, l’article de M. Guigue qui a causé son limogeage, en le faisant précéder d’une introduction signée par une des dirigeantes de l’AFPS, Claude Léostic:

«C’est en tant que citoyen et auteur reconnu que Bruno Guigue, par ailleurs haut fonctionnaire, a écrit cet article critique de l’État israélien au nom même de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Son limogeage immédiat est une sanction politique inacceptable et très préoccupante qui confirme les pressions exercées par le lobby pro-israélien en France pour museler toute critique de la violente politique coloniale israélienne.»

Pour sa part, un collectif intitulé «Pas-En-Notre-Nom-974» (d’après le code du département de la Réunion, où M. Guigue a été en poste) publie un communiqué où il indique:

«Bruno Guigue a été notre compagnon de route à la Réunion depuis la fondation du collectif en novembre 2002. Nous avons assisté à ses conférences contre les guerres, d’Irak, d’Afghanistan, et du Liban.»

Ayant ainsi attesté que, dans ses précédentes fonctions, M. Guigue avait déjà une pratique très personnelle du devoir de réserve, le collectif réunionnais témoigne dans la suite de son communiqué que l’«antisionisme» de son ancien mentor a laissé des traces:

«Il faut se souvenir comment fonctionne le pouvoir aux USA. Le Congrès a une énorme importance formelle (même si l’exécutif invente des procédures pour le contourner si besoin est) et l’appui des lobbys, dont l’un des principaux est le lobby juif, officiellement déclaré comme tel, est parfois vital pour le Président quand il veut faire passer certains textes.»

Un site internet connu pour l’extrême violence de ses propos, et nommé par antiphrase Planete-non-violence, contribue lui aussi à la défense de M. Guigue en explicitant ainsi ses idées:

«Actuellement, l’atmosphère ambiante de la Sarkozie est celle d’une soumission inconditionnelle au diktat sioniste. Il s’agit de placer la France, sa politique étrangère, et maintenant sa politique intérieure – en adoptant mot pour mot la position sioniste contre l’Iran, en choisissant, sous le diktat de l’officine sioniste à Paris, le CRIF, comme ministre des affaires étrangères un sioniste pro atlantiste Bernard Kouchner, puis en nommant comme “ambassadeur des droits de l’homme” un pro sioniste notoire François Zimmeray [sic], et maintenant avec la décision de la ministre de l’intérieur de soumettre la fonction publique au diktat sioniste – il s’agit ni plus ni moins que de placer la France sous tutelle sioniste.»

Dans un communiqué en date du 25 mars 2008, le MRAP «condamne le limogeage de M. Guigue», cette sanction ayant été causée, explique-t-il, par un article écrit «en réaction à une tribune d’intellectuels inconditionnels d’Israël visant à déconsidérer l’ONU et à condamner des résolutions du Conseil des Droits de l’Homme». Selon le MRAP, «le pouvoir en place démontre une nouvelle fois que la critique de la politique d’Israël relève d’un tabou qu’il est toujours dangereux de transgresser».

Le 26 mars, le Front national publie un communiqué où il affirme qu’un fonctionnaire «a le droit de publier, en dehors de ses strictes fonctions, des analyses politiques», mais que «si ce fonctionnaire critique la politique de l’État d’Israël», «les dénonciations et les foudres ministérielles s’abattent sur lui en extrême urgence». En conclusion, «le Front national proteste contre la servilité et la brutalité de Mme Alliot-Marie».

Va pour la «brutalité», c’est affaire de jugement. Mais quand le Front national reproche à la ministre de l’intérieur sa «servilité», une question s’impose: servilité envers qui?

Une réponse nous est donnée, dans l’hebdomadaire d’extrême gauche «Politis» (27 mars 2008), par le chroniqueur Bernard Langlois, qui s’est lui-même signalé à plusieurs reprises par des formules équivoques sur les Juifs et Israël. Décrivant le sous-préfet limogé comme un «bon connaisseur des questions internationales, en particulier proche-orientales», M. Langlois fait savoir à ses lecteurs que l’article litigieux de M. Guigue était une réponse à une tribune publiée dans «Le Monde» par les «habituels agents d’influence israéliens, les Bruckner, Finkielkraut, Lanzmann, Taguieff et autres Élie Wiesel».

Le lecteur le plus naïf n’aura pas manqué de remarquer que les noms de ces «agents d’influence israéliens» (autrement dit: hommes à la solde d’Israël), ne sont pas vraiment «de chez nous» – même si, et il l’ignore sans doute, deux des cinq «agents d’influence israéliens» supposés ne sont pas juifs. Et M. Langlois de conclure:

«Une fois encore, la censure d’État s’exerce contre un homme seul, sur la pression d’un lobby pro-israélien solidement incrusté au cœur du système politico-médiatique français.»

Bon Dieu, mais c’est bien sûr! Où avions-nous la tête? Voilà envers qui se manifeste la «servilité» de la ministre de l’intérieur: un «lobby» qui agit «au cœur du système politico-médiatique français» et dont les «agents d’influence» signent des tribunes dans «Le Monde». Vous faut-il un dessin?

Le ton ayant été ainsi donné, tout ce que la France compte d’«antisionistes» enragés va se lancer dans la bataille. D’un même souffle, ils diront leur solidarité avec M. Guigue et leur détestation du «lobby» dont il est la victime.

Plus préoccupantes encore, cependant, sont les défenses de M. Guigue offertes par des personnes adoptant un ton plus modéré et revendiquant pour le fonctionnaire un droit à la libre parole. Outre que ces personnes font montre d’une étrange conception du devoir de réserve qui s’impose aux fonctionnaires (étrange, et sans doute à sens unique: qu’on imagine un sous-préfet publiant des articles inspirés du programme du Front national), elles tendent à banaliser un mode d’expression qui était jusqu’ici réservé aux marges les plus nauséabondes de la vie politique française.

Dans ces circonstances, dire en quoi les propos de M. Guigue sont proprement intolérables, ce n’est pas nous livrer à une chasse aux idéologues antisionistes agissant en France (nous aurions pu le faire plus tôt si nous en avions eu le désir, car les textes de M. Guigue sont connus de longue date). C’est contribuer à mieux définir les limites au-delà desquelles le débat légitime se mue en menace à la paix civile. Car, s’agissant de M. Guigue – et, dorénavant, de ses divers amis et défenseurs –, ces limites ont été franchies.

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L’article de M. Guigue daté du 13 mars, qui est à l’origine de toute l’affaire, se présentait comme une réponse à une tribune publiée dans le quotidien «Le Monde» daté du 28 février 2008, sous le titre «L’ONU contre les droits de l’homme». Ayant rappelé que lors de la Conférence mondiale contre le racisme réunie en 2001, à l’initiative des Nations unies, à Durban (Afrique du Sud), «c’est au nom des droits des peuples que furent scandés des “mort à l’Amérique!” et “mort à Israël!”; et c’est au nom du relativisme culturel qu’on fit silence sur les discriminations et violences commises contre les femmes», les auteurs de cette tribune écrivaient:

«Alarmée par les graves dysfonctionnements ainsi mis en lumière au sein de sa Commission des droits de l’homme, l’ONU inaugurait en juin 2006 un tout nouveau Conseil des droits de l’homme (CDH), censé remédier à de si préoccupantes dérives. Aujourd’hui, le constat est plus qu’amer: c’est à la consécration même de ces dérives que nous assistons dans la perspective du forum dit de Durban 2, qui se tiendra en 2009.

Plus gravement encore, l’élaboration officielle de nouvelles normes marquera, si celles-ci sont gravées dans le marbre d’une nouvelle et très particulière “déclaration des droits de l’homme”, la mise à mort de l’universalité des droits. Par sa mécanique interne, les coalitions et les alliances qui s’y constituent, les discours qui s’y tiennent, les textes qui s’y négocient et la terminologie utilisée anéantissent la liberté d’expression, légitiment l’oppression des femmes et stigmatisent les démocraties occidentales.»

Les auteurs de la tribune précisaient leur pensée:

«Que pèse le sort du peuple tibétain face aux enjeux des exportations vers la Chine? Quel est le prix de la liberté pour Ayaan Hirsi Ali, ex-députée néerlandaise, menacée de mort, après l’assassinat en 2004 de son ami le réalisateur Théo Van Gogh, accusé d’avoir blasphémé l’islam dans le film “Soumission”? Les exemples s’additionnent qui, de Taslima Nasreen à Salman Rushdie, de Robert Redeker à Mohamed Sifaoui, apportent la preuve que l’intégrisme islamiste impose sa loi par la terreur. Combien d’Algériens, de femmes au Maghreb, au Proche-Orient, en Turquie, au Pakistan ont déjà payé du prix de leur vie le refus de se soumettre à l’obscurantisme religieux?

Si, par malheur, l’ONU devait consacrer l’imposition de tels critères, si le blasphème devait être assimilé à du racisme, si le droit à la critique de la religion devait être mis hors la loi, si la loi religieuse devait s’inscrire dans les normes internationales, ce serait une régression aux conséquences désastreuses, et une perversion radicale de toute notre tradition de lutte contre le racisme, qui n’a pu et ne peut se développer que dans la liberté de conscience la plus absolue.»


Et ils concluaient en ces termes:

«Soit les démocraties se ressaisissent, à l’exemple du Canada, qui vient d’annoncer son refus de participer à la conférence de Durban 2, estimant qu’elle risquait d’être “marquée par des expressions d’intolérance et d’antisémitisme”, et cessent de s’abstenir ou de voter des résolutions contraires à l’idéal universel de 1948, soit l’obscurantisme religieux et son cortège de crimes politiques triompheront, sous les bons auspices des Nations unies. Et lorsque les paroles de haine seront transformées en actes, nul ne pourra dire: “Nous ne savions pas”.»

Dans cette tribune publiée par «Le Monde», il n’est pratiquement pas question d’Israël. Le texte comporte au total 1 158 mots; on y trouve deux fois le mot «Israël», une fois le mot «antisémitisme», et pas une seule fois le mot «juif». Cette tribune vise essentiellement, nous l’avons vu, les dérives auxquelles se livrent certains États au nom de l’islam – des dérives qui se traduisent par une violation des droits humains de leurs propres populations, et auxquelles le nouveau Conseil des droits de l’homme de l’ONU s’apprête à donner sa bénédiction en l’assortissant d’attaques contre les démocraties occidentales.

Or M. Guigue, écrivant le 13 mars pour le public musulman du site Oumma.com, se livre à une véritable manipulation visant à dissimuler le contenu réel de ce texte. Il explique aux lecteurs d’Oumma.com que la tribune du «Monde» a été signée par «des intellectuels organiques du lobby pro-israélien», et qu’elle a pour objet la défense d’Israël. D’où le titre de son article: «Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU».

M. Guigue commence par présenter à ses lecteurs «la liste des signataires» de la tribune du «Monde». Et voici la version qu’il en donne: «Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzmann, Élie Wiesel, Pierre-André Taguieff, Frédéric Encel». Ces gens-là ne sont certes pas, quoi qu’en disent MM. Guigue et Langlois, des «agents d’influence israéliens»; mais il y a parmi eux plusieurs Juifs, et cela semble suffire. En revanche, M. Guigue passe sous silence la présence, parmi les signataires, des auteures iraniennes Chala Chafiq et Chahdortt Djavann, du journaliste algérien Mohamed Sifaoui, du prix Nobel de physique Georges Charpak, des philosophes Élisabeth Badinter, Élisabeth de Fontenay et Adrien Barrot, de l’avocat Christian Charrière-Bournazel, du professeur Bernard Debré, des écrivains Albert Memmi et Thierry Jonquet; pas encore fichés comme «agents d’influence», sans doute…

Ce travail de falsification (qui sera relayé par les partisans de M. Guigue, lesquels lui emprunteront la «liste» des auteurs de la tribune qu’il attaque) a pour but de faire croire aux lecteurs d’Oumma.com que les signataires de la tribune incriminée sont «des intellectuels organiques du lobby pro-israélien», c’est-à-dire, en bon français, des individus ayant partie liée avec un groupe social dont ils expriment les intérêts (le «lobby» qui ne dit pas son nom, ou les forces obscures qui se dissimulent derrière lui). Et ces gens-là, M. Guigue sait les débusquer, il les reconnaît de loin car, écrit-il, leur «omniprésence nous est devenue familière».

Après la falsification, viennent les injures. Voici comment M. Guigue décrit, à l’usage de ses lecteurs, les arguments de la partie adverse: «d’une hystérie verbale et d’une mauvaise foi insondables», des «accusations» évidemment «mensongères», «un usage grossier de la calomnie», une «rhétorique lobbyiste» employée par «les thuriféraires d’Israël», «une polémique grossière» menée par des «idéologues» qui «pérorent gravement» en «imaginant une dramaturgie grossière», une «prose haineuse» mue par une «psychose paranoïaque». On croyait lire un article tiers-mondiste posté sur un site islamique; on se retrouve dans l’univers de «Gringoire» et de «Je suis partout».

Selon M. Guigue, les auteurs de la tribune incriminée, ces agents «du lobby pro-israélien», ont pour seule motivation d’insulter l’islam et les musulmans afin de défendre «Israël, seul État au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles»; un Israël encore défini par lui comme «cet artefact colonial bâti au forceps sur les ruines de la Palestine au nom de la Bible et de la Shoah». L’auteur n’a pas de mots assez violents pour dénoncer Israël:

«Ses admirateurs occidentaux doivent certainement s’extasier sur les prouesses d’une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d’admiration devant les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer durant le shabbat. L’État hébreu mérite bien ce concert de louanges que les intellectuels organiques lui décernent à longueur de colonnes.»

En réponse à une remarque d’un lecteur du site Oumma.com, qui lui reproche d’accorder trop d’importance à ces pétitionnaires s’exprimant dans «Le Monde», M. Guigue «se lâche». Nous sommes toujours le 13 mars 2008. Voici ce qu’écrit M. Guigue:

«Je comprends qu’on veuille ignorer les péroraisons des intellectuels organiques, faire comme s’ils n’existaient pas. Mais ce serait leur donner raison. Resté [sic] sans réponse dans “Le Monde”, cette prose appelait sa réfutation dans Oumma. L’hégémonie idéologique du lobby est comme la suprématie militaire d’Israël: dès qu’on l’affronte, elle se lézarde.»

Rien ne vaut une réaction spontanée et «à chaud» pour clarifier les questions. L’ennemi principal est bien identifié, sans ambiguïté aucune. L’ennemi n’est pas là-bas, au Proche-Orient. Il est ici, il se terre parmi nous: c’est ce «lobby» dont «l’hégémonie idéologique» est vécue par M. Guigue comme une menace quasi physique. Outre l’extrême violence du ton, on est frappé par ce qu’il faut bien appeler – pour retourner à M. Guigue son propre compliment – la paranoïa qui se dégage de ces propos.

Face à une tribune mettant en cause le fonctionnement d’une instance onusienne où des États aux régimes obscurantistes et dictatoriaux imposent une conception adultérée des droits humains, M. Guigue répond en déplaçant le débat vers le cas d’Israël qui, nous l’avons dit, est presque totalement absent du texte. Et il y ajoute, comme s’il se sentait lui-même visé, une attaque ad hominem contre les auteurs, qualifiés par lui à trois reprises d’«intellectuels organiques» au service d’un fantasmatique «lobby pro-israélien».

Sous-préfet ou pas, devoir de réserve ou pas, les propos de M. Guigue témoignent d’une obsession pour le moins curieuse. Les responsables du ministère de l’intérieur ayant été informés de ces propos (suite, semble-t-il, à un «billet» diffusé le 18 mars sur la radio juive RCJ par Luc Rosenzweig, ancien rédacteur en chef au «Monde»), ils en ont tiré les conclusions qui s’imposaient.

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Le 24 mars, suite à l’annonce de la sanction qui le frappe, l’AFP rapporte des propos de Bruno Guigue selon lesquels il fait «des analyses géopolitiques depuis dix ans», et ce «en dehors de ses fonctions». Pour ce qui est du rapport entre ses écrits et ses «fonctions», M. Guigue semble avoir une conception singulièrement fantaisiste du devoir de réserve qui s’impose à l’administration préfectorale. Par ailleurs, en fait d’«analyses géopolitiques», les écrits de M. Guigue révèlent une étrange obsession pour un sujet, un seul: les méfaits de l’État juif et du «lobby» qui lui est associé, des méfaits qui restent impunis grâce au soutien d’un Occident chrétien prisonnier de son sentiment de culpabilité envers les Juifs.

Ce discours obsessionnel, M. Guigue l’a développé dans des livres publiés aux Éditions de L’Harmattan, et il l’égrène depuis quelques années dans des chroniques publiées par le site islamique militant Oumma.com – celui-là même qui publia jadis les harangues de Tariq Ramadan contre les «intellectuels communautaires», juifs ou supposés tels. Dans ces chroniques, l’énoncé pro-palestinien, pro-islamique ou pro-islamiste sert de base à un discours monomaniaque qui aboutit immanquablement à la dénonciation des Israéliens et de leurs suppôts français.

Les chroniques de M. Guigue sur Oumma.com sont toutes suivies de la mention: «Diplômé de l’École normale supérieure et de l’ENA». L’intitulé «ancien élève» eût sans doute mieux convenu, mais laissons cela. L’important est que M. Guigue, s’il ne précise pas les fonctions qu’il occupe, tient à se présenter lui-même comme un grand commis de l’État – bien qu’à tout prendre son parcours professionnel, depuis sa sortie de l’ENA, ait été plutôt poussif.

Les lecteurs de Oumma.com ont reçu le message. Ils disent haut et fort leur plaisir de voir des préjugés «antisionistes», souvent catalogués comme primaires, entérinés par un représentant supposé des «élites» françaises. De fait, la prose de M. Guigue – qui balance, selon les périodes, entre la componction jésuitique et l’imprécation maurrassienne – est un ample manteau sous lequel se dissimulent des pulsions inavouables. Levons un coin de ce manteau.

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Le trait le plus frappant, dans la production de M. Guigue sur Oumma.com, est la place démesurée qu’y occupe Israël. Après tout, Oumma.com est ce qu’il est convenu d’appeler un site communautaire musulman. Ses lecteurs sont intéressés, a priori, par divers sujets. Et si M. Guigue dit qu’il se spécialise dans les «analyses géopolitiques», là aussi les sujets ne devraient pas lui manquer. Or il n’est pas un de ses articles, pas un seul (il en a publié dix-huit à ce jour), où il n’exprime sa hantise du complot israélien. Même dans un article consacré à la situation en Irak il trouve le moyen d’expliquer que Paul Wolfowitz opère «la jonction entre la droite fondamentaliste américaine et la droite nationaliste israélienne», ce qui fait de lui «l’homme clé de la stratégie du chaos au Moyen-Orient» [1].

Cette obsession apparaît déjà dans un article de M. Guigue publié en avril 1998 par la revue chrétienne «Études», sous un titre quelque peu bizarre: «Le complexe judéo-européen». Au terme d’une exposition longue, répétitive et confuse, l’auteur y livre «le véritable secret de la connivence qui unit les Européens à l’État d’Israël». Et ce secret tient en peu de mots: les Européens «s’imaginent» que cette connivence «les dédouane de leur responsabilité historique» envers les Juifs.

Après avoir dit sa compassion – dont nous n’avons pas de raisons de discuter, ici, la sincérité – pour les victimes de la Shoah, M. Guigue définit ce qu’il nomme «le complexe judéo-européen» en ces termes: «ce crime imprescriptible qui lui colle à la peau, l’Occident n’aspire qu’à s’en débarrasser».

Bref, il s’agit là de l’argument mille fois ressassé selon lequel les Palestiniens paieraient pour les crimes que les Européens ont commis envers les Juifs. L’argument n’est pas plus convaincant qu’il n’est original. Et l’on peut, avec non moins de vraisemblance, tenir un propos exactement inverse: la culpabilité irréfragable imputée à l’État d’Israël, par M. Guigue et ses amis, leur permet d’exonérer rétroactivement les auteurs des crimes contre le peuple juif, de sorte que leur antisionisme actuel ne serait qu’un moyen de se «débarrasser» de «ce crime imprescriptible» qui leur colle à la peau.

Quoi qu’il en soit, la «démonstration» de M. Guigue s’achève sur une note d’espoir: Israël s’abîme sous le poids de ses propres fautes, et «il doit désormais son existence beaucoup plus à l’influence du lobby juif américain qu’à son pouvoir d’enchantement». Apparemment fort heureux de sa découverte, M. Guigue développe une thèse identique dans un livre qu’il fait paraître la même année [2].

En 2006, M. Guigue publie dans Oumma.com un article sur «l’aveuglement occidental» (envers Israël, s’entend), où il explique que «le Vieux Continent» est «paralysé par son complexe freudien à l’égard d’Israël» [3]. Le retour à cet étrange mot de «complexe», huit ans après l’article d’«Études», témoigne d’une remarquable continuité dans l’esprit de M. Guigue. Et l’on ne peut s’empêcher de méditer sur l’adjectif encore plus incongru qui l’accompagne: «freudien». De quel Freud s’agit-il là? De quelle filiation, réelle ou symbolique, M. Guigue veut-il s’affranchir, et quelle est la cause profonde de la violence qui traverse ses écrits?

Entre-temps, en 2003, M. Guigue a publié un nouveau livre sur le conflit israélo-arabe [4]. Un livre où, pour reprendre les termes d’Yves Chevalier dans la revue de l’Amitié judéo-chrétienne, il procède, «sous prétexte de dénoncer les “mythes pro-israéliens”, à la transformation des “mythes pro-palestiniens” en vérités authentiques». Ce que le professeur Chevalier appelle «un manichéisme inacceptable» est une démarche qui, on le voit, n’a cessé d’animer M. Guigue.

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Revenons à l’année 2006. Cette année-là, M. Guigue publie un nouvel article dans la revue chrétienne «Études». Consacré à la question de «l’ethnicité», alors placée au premier plan de l’actualité par la publication du manifeste des «Indigènes de la République», cet article – d’une meilleure facture que le précédent – ne devrait pas, en principe, avoir trait aux Juifs. Et pourtant.

M. Guigue juge nécessaire de revenir dans son article [5] sur la polémique qui a opposé l’auteur musulman Tariq Ramadan à des intellectuels (Pierre-André Taguieff, Alain Finkielkraut, Alexandre Adler, Bernard Kouchner, André Glucksman, Bernard-Henri Lévy) que ce dernier croyait être, non seulement tous juifs, mais tous animés d’un désir incoercible de défendre les intérêts de leur «communauté» et d’Israël. Rappelant que «M. Tariq Ramadan a ainsi qualifié de “communautaires” un certain nombre d’intellectuels français», M. Guigue prend parti dans la querelle en soulignant l’«asymétrie objective» entre M. Ramadan et les personnes qu’il a attaquées. 

Et voici en quoi consiste cette asymétrie: «il est, lui, un intellectuel ouvertement communautaire, alors que ses adversaires le sont aussi pour beaucoup, mais honteusement». D’où ce jugement sans appel de M. Guigue contre ceux qu’il appelle «les détracteurs» de M. Ramadan: «En cédant à l’invective, ils ont trahi leur faiblesse sur le fond, d’ailleurs non dépourvue de duplicité».

Pour faire bonne mesure, M. Guigue évoque dans ce même article «un autre épisode significatif», «l’affaire Dieudonné», ainsi résumée: «L’humoriste franco-camerounais ayant caricaturé la figure du colon juif en Palestine, l’accusation d’antisémitisme a fusé aussitôt et M. Dieudonné s’est vu interdire de spectacle». Il n’est pas difficile de voir où, une fois encore, vont les sympathies – et les antipathies – de M. Guigue.

À peu près au même moment – nous sommes en mai 2006 –, M. Guigue publie sur Oumma.com un article où il fait l’éloge de la lettre que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad vient d’adresser au président américain George Bush [6]. Voici comment, d’entrée de jeu, M. Guigue parle du négationnisme de Mahmoud Ahmadinejad:

«Entre autres sujets, Mahmoud Ahmadinejad y évoque le génocide hitlérien et pose une question: “Admettons que cet événement soit avéré, doit-il logiquement se traduire par l’instauration de l’État d’Israël au Moyen-Orient?” Horreur! Sainte indignation! “Après cela peut-on imaginer Washington plus disposé demain qu’hier à entrer dans des pourparlers directs avec la République islamiste?”, s’interroge gravement l’éditorialiste du quotidien du soir. Comme si la lettre du numéro un iranien se résumait à ce propos d’une ligne, devenu pour la circonstance son principal message.

Présentée comme un casus belli, cette question est pourtant celle que se posent le monde arabe et le monde musulman depuis un demi-siècle. Faut-il la bannir de nos cerveaux sous prétexte que la réponse est dérangeante pour l’Occident? Faut-il l’invalider a priori, sans autre forme de procès, comme politiquement incorrecte?»


Après cette défense virulente bien qu’embarrassée du négationnisme iranien, vient un dithyrambe où sont vantées les vertus de la missive présidentielle:

«Mahmoud Ahmadinejad y parle des valeurs humanistes dont se prévaut l’Occident et en souligne la proximité avec celles dont se réclame la tradition musulmane. Il brosse un tableau saisissant de vérité du monde contemporain.»

Tout à son admiration pour le président iranien, M. Guigue offre à ses lecteurs un échantillon de la prose présidentielle, avec cette brève introduction digne d’une anthologie:

«On ne résistera pas au désir de citer quelques questions d’une rare pertinence.»

M. Guigue reproduit ensuite quelques platitudes extraites de la lettre de Mahmoud Ahmadinejad à George Bush, dans le style propre au président iranien.

M. Guigue ne réserve pas son enthousiasme au seul régime iranien. Le régime syrien – allié, il est vrai, du précédent – a droit lui aussi à ses éloges. Dans un article intitulé «Irréductible Syrie» [7], M. Guigue explique aux lecteurs d’Oumma.com que

«la Syrie demeure aujourd’hui le seul pays arabe qui soit resté debout. Mieux encore, elle a cristallisé autour d’elle un arc de la résistance à l’hégémonie américano-israélienne: Hamas-Hezbollah-Damas-Téhéran. Auréolé en 2006 d’une double victoire, politique avec le Hamas et militaire avec le Hezbollah, cet arc de la résistance est le cauchemar des néoconservateurs américains. Son centre névralgique est l’irréductible Syrie: c’est à Damas que les dirigeants du Hamas échappent aux missiles israéliens, et que le Hezbollah trouve son principal appui régional; c’est à Damas que bat encore le cœur d’un monde arabe en lutte contre ceux qui veulent lui imposer leur domination.»

En décembre 2006, Mahmoud Ahmadinejad reçoit à Téhéran une conférence consacrée à la négation de la Shoah. Comment M. Guigue – qui, nous l’avons dit, a d’autant plus affirmé sa sympathie aux victimes de la Shoah que cette tragédie est la cause, selon lui, du parti pris pro-israélien de l’Occident chrétien – se tirera-t-il d’affaire? Sa réponse, dans un article d’Oumma.com, est significative [8].

«La conférence sur le génocide hitlérien organisée par Téhéran a provoqué, comme il fallait s’y attendre, une avalanche de protestations indignées. Opération médiatique, cette initiative provocatrice visait, de toute évidence, à orchestrer une surenchère symbolique. Dans l’affrontement verbal avec l’Occident, le régime iranien s’en est pris à l’un de ses principaux tabous. Et après la crise des caricatures, il a infligé aux Occidentaux les rigueurs de la loi du talion: “vous insultez ce qu’il y a de plus sacré pour nous, alors ne vous étonnez pas si nous faisons de même”».

Pour M. Guigue, le problème principal n’est pas le négationnisme mais le fait que «la mémoire de la Shoah est devenue, entre les mains d’Israël et de ses alliés, une arme redoutable d’intimidation massive». D’où cette affirmation lourde de sens:

«Peu importe si le génocide hitlérien a eu lieu sous la forme accréditée par l’histoire officielle. Mais l’événement a fourni une puissante justification morale à l’entreprise sioniste.»

Qu’on relise bien ce passage. Il n’y a pas de guillemets. Il ne s’agit pas d’une citation. C’est M. Guigue qui parle: «Peu importe si le génocide hitlérien a eu lieu sous la forme accréditée par l’histoire officielle». M. Guigue a beau se démarquer de M. Faurisson, il parle exactement comme lui.

Il était «absurde» – concède cependant M. Guigue, qui ne veut pas être confondu avec la secte négationniste – «de convoquer un Robert Faurisson à l’appui de cette analyse». Bref, M. Ahmadinejad aurait dû faire du faurissonnisme sans Faurisson.

Cependant, la présence des négationnistes à Téhéran n’est qu’un élément accessoire:

«Habilement soulignée par les médias dominants, cette ambiguïté de la conférence iranienne n’en épuise pas la signification. Mais il est clair que la cause palestinienne n’a rien à y gagner. Cette confusion des genres n’affecte guère sa légitimité, mais elle en brouille singulièrement le message. En un mot, il n’est nul besoin d’accréditer la thèse négationniste pour saper la légitimité d’un État qui drape son propre fascisme dans la tenue rayée des déportés.»

Finalement, entre les négationnistes assemblés à Téhéran et les personnes qui, en France ou ailleurs, se sont émues de la tenue de cette conférence, vers qui vont les sympathies de M. Guigue? La réponse est sans équivoque. C’est aux dénonciateurs de l’antisémitisme que s’en prend le chroniqueur d’Oumma.com:

«Grand prêtre de cette nouvelle inquisition, Alain Finkielkraut les voit partout, ces antisémites, il les traque sans relâche, il les bombarde d’anathèmes. À l’instar de BHL, il amasse les royalties d’une notoriété exclusivement fondée sur cette paranoïa auto-entretenue à coups de truismes pontifiants.»

D’où cette conclusion, elle aussi lourde de sens:

«La jactance des pourfendeurs de l’antisémitisme est un discours obsessionnel qui a pour seule fonction, de toute évidence, le déni de la réalité.»

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Le 26 mars 2007, M. Guigue tourne ses regards vers une autre région du monde: le Darfour. Mais les ennemis habituels ne sont jamais très loin. Dans un article d’Oumma.com, M. Guigue souligne que «la cause du Darfour» est «coincée entre les associations juives américaines et les intellectuels organiques hexagonaux» [9]. La référence aux «intellectuels organiques» (expression que l’on retrouvera dans l’article du 13 mars 2008, et dont la proximité avec «les associations juives américaines» ne laisse aucune place au doute) suffit apparemment à déconsidérer cette cause. Pour qui en douterait, M. Guigue enfonce le clou, dans une réponse à un intervenant postée le jour même sur le forum d’Oumma.com, suite à son article:

«L’interprétation dominante du conflit, largement erronée, vise à légitimer une intervention occidentale en la parant de vertus humanitaires. Comme par hasard, les lobbies pro-israéliens en sont les maîtres d’œuvre.»

Le lendemain, le 27 mars donc, le quotidien «Libération» publie dans sa rubrique «Rebonds» une tribune de M. Guigue consacrée au même sujet. Là aussi, il s’en prend aux «faux amis» des populations du Darfour [10]. Dénonçant «un mouvement d’opinion médiatiquement orchestré» en faveur du Darfour, il souligne que «l’accusation de “génocide”» est «orchestrée par les médias américains», avec en toile de fond «les imprécations antisoudanaises des lobbies pro-israéliens».

Sur le site Internet de «Libération», comme sur Oumma.com, il y a un forum des lecteurs. Et, là aussi, la spontanéité de l’écriture permet de libérer le discours. Répondant aux nombreux lecteurs qui ont été indignés par son article, M. Guigue souligne «qu’il est frappant de voir le rôle déterminant des milieux pro-israéliens dans la campagne antisoudanaise». Il s’en prend à «la récupération éhontée de la souffrance darfourie par les chantres du néoconservatisme américain et les admirateurs éperdus de Tsahal», une «récupération» qui est selon lui une «frauduleuse OPA sur le malheur des autres» [11].

On n’est jamais aussi bien trahi que par son vocabulaire. Nous avons lu dans un précédent article de M. Guigue, dont le sujet était la conférence négationniste de Téhéran, qu’Alain Finkielkraut, à l’instar de Bernard-Henri Lévy, «amasse les royalties» d’une notoriété «exclusivement fondée» sur la lutte contre l’antisémitisme. Outre le caractère grotesque de l’accusation, on ne peut qu’être frappé par la «financiarisation» du discours – un procédé qui, s’agissant des Juifs, est rarement innocent. Après les «royalties», voici donc l’«OPA». Le style, c’est l’homme.



NOTES

1. «Irak: american Chaos», Oumma.com, 20 mars 2006. M. Guigue montre, au passage qu’il ne sait rien des opinions de Paul Wolfowitz sur le conflit israélo-arabe, qui sont éloignées de celles de «la droite nationaliste israélienne». On dira, à la décharge de M. Guigue, qu’il n’est pas seul dans ce cas.
2. «Aux origines du conflit israélo-arabe. L’invisible remords de l’Occident», L’Harmattan, 1998.
3. «Moyen-Orient: les deux sources de l’aveuglement occidental», Oumma.com, 18 avril 2006.
4. «La guerre des mots», L’Harmattan, 2003. La citation du professeur Yves Chevalier est extraite de la recension qu’il a faite de ce livre dans le mensuel de l’Amitié judéo-chrétienne de France, «Sens» (2004/6). Le texte de cette recension (avec les textes des recensions de deux autres livres de M. Guigue, par le même auteur dans la même revue) a été mis en ligne le 22 mars 2008, par Menahem Macina, sur le site upjf.org.
5. «La République au défi de l’ethnicité», «Études», avril 2006.
6. «La lettre persane de Mahmoud Ahmadinejad», Oumma.com, 23 mai 2006.
7. «Irréductible Syrie», Oumma.com, 11 décembre 2006.
8. «La conférence de Téhéran et les Faurisson pro-israéliens», Oumma.com, 20 décembre 2006.
9. «Le Darfour et ses faux amis», Oumma.com, 26 mars 2007.
10. «Darfouris, attention aux “faux amis”», «Libération», 27 mars 2007.
11. Liberation.com, 27 et 28 mars 2007.